The PLAYER | 3 avril – 13 juin 2015

(Kids)

– Il n’y a pas plus traîtres qu’eux.
– Comment ça ?
– Ils finissent toujours par devenir adultes.1

Accidentellement, The PLAYER – qui voulait être un programme dégagé de toute ligne directrice – s’est fait entraîner par des enfants terribles. L’arrogance et l’opportunisme de leurs potentiels sont d’autant plus séduisants qu’ils ne les suspectent pas : inconsciente liberté, conditionnement précoce et assumé, générosité intéressée, désœuvrement accablant, défi à la mort… Un riche panel de traîtres en devenir qui, au travers d’une cruelle symétrie, nous renvoie à notre condition (à l’épithète inversée) de terribles adultes.

1 Friedrich Wolfram Heubach entretien avec Werner Büttner, «Des tableaux à inspirer la pitié – À mon ami Werner Büttner» in Büttner, Cologne : Taschen, 2003, p.33

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3 – 25 avril
Pilvi Takala
The Committee, 2013-2014, 15’19’’, prêt de l’artiste et galerie Carlos/Ishikawa, London

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Récompensée par un prix artistique (Emdash award), Pilvi Takala confie à un groupe d’enfants la mission de décider comment dépenser en l’argent perçu. En délégant cette décision, l’artiste voulait extraire ce prix de son contexte d’origine : une foire d’art contemporain. Le marché de l’art évacué, elle souhaitait voir quel type de notion de valeur émergerait. En parallèle, elle s’intéressait à l’organisation qu’adopterait ce groupe d’enfants face à cette situation inédite d’avoir la responsabilité partagée d’engager une somme importante : Quelles règles de fonctionnement ? Quelle autonomie de pensée ? Quelle relation au consensus ? Quels modes d’expression ? …

Après avoir échangé sur des notions de pérennité, de partage, de charité, d’utilité pour la communauté ; après avoir évacué les projets d’intérêt purement individuel ; après avoir opté pour l’idée de créer plutôt que celle de consommer, les enfants s’accordent enfin. Ils vont produire un château gonflable (le Five Star Bouncy House).

Mais non contents d’en dessiner le design, ils se mettent alors à penser son exploitation commerciale, développer des idées marketing et imaginer l’investissement des futurs profits.

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28 avril – 23 mai
Laurent Montaron
Rounded with a sleep
, 2006, 4’47’’ – collection FRAC Aquitaine

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«We are such stuff
As dreams are made on, and our little life
Is rounded with a sleep…»
William Shakespeare, The Tempest
(Nous sommes faits de l’étoffe dont sont tissés les songes, et notre vie si courte a pour frontière un sommeil.)

Le titre de la vidéo est extrait de la pièce de William Shakespeare, La Tempête. Dans celle-ci, Prospero, le Duc de Milan, est déchu par son frère et exilé dans une île. Sur place, celui qui fut privé de son titre règne à nouveau : il maîtrise les éléments naturels et les esprits grâce aux savoirs magiques transmis dans ses livres.

Dans la vidéo de Laurent Montaron, des adolescents, en version contemporaine de Prospero, semblent à leur tour jouer avec les esprits, valsant avec Ariel (le souffle de la vie) et Caliban (l’esprit de la mort). La bande erre dans la nature, accompagnée constamment par le vent. Le désœuvrement est ponctué par un jeu, celui du foulard. Ils ne sont plus des enfants inconscients, simplement curieux d’une découverte ludique. En pleine conscience de leurs actes, ils testent des frontières physiques, mentales, symboliques : de l’enfant à l’adulte, de l’éveil à l’évanouissement, du souffle au silence.

Dans un catalogue monographique*, Michel Gauthier situe le travail de Laurent Montaron du côté du réenchantement de l’art en comparaison à d’autres courants qui poursuivraient dans la voie de la désillusion post-moderne. Brièveté du récit, nature étrange, quête initiatique, pratique symbolique, son auratique… les œuvres de Laurent Montaron privilégient une sorte d’onirisme à la transparence signifiante d’un propos.

* Laurent Montaron, Les presses du réel, 2012

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26 mai – 13 juin 2015
Joost Conijn
Siddieqa, Firdaus, Abdallah, Soelayman, Moestafa, Hawwa en Dzoel-kifl, 2004, 41’ – prêt de l’artiste

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Sept enfants, des frères et sœurs âgés de 3 à 14 ans, passent leurs journées livrés à eux-mêmes dans un terrain vague près des docks d’Amsterdam. On les suit au fil de leurs explorations quotidiennes, en totale liberté, ignorant toute convention sociale, toute conscience du danger et toute hygiène. Jouant, bricolant, volant, détruisant, ils sont dans l’action, faisant preuve de grandes capacités d’invention et de débrouillardise. Une vie à la marge livrée de manière brute, sans esprit de dénonciation ni condescendance.

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HD2015

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